Format | |
---|---|
Nombre de pages | 80 |
ISBN | 978-2-37910-136-6 |
Couverture | John Coleman (sculpture, photographie) |
Artiste |
Sam Cornell |
Vous lisez : Gold Rush
Format | |
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Nombre de pages | 80 |
ISBN | 978-2-37910-136-6 |
Couverture | John Coleman (sculpture, photographie) |
Artiste |
Sam Cornell |
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Gold Rush
« Dakota 1876, quelques semaines après la déroute de l’armée américaine sur le champ de bataille de Little Bighorn.
Avides de sang et de vengeance, les tuniques bleues poursuivent sans relâche les troupes rebelles de Crazy Horse et Sitting Bull.
Ni le froid, ni la pluie, ni la faim n’entravent la sombre détermination de leur général, le vétéran George Crook.
Début septembre, les sinistres collines des Black Hills lui offrent une opportunité de revanche.
Mais il se retrouvera confronté à un adversaire plus coriace qu’imaginé… et défiant tout entendement… »
Sam Cornell
Sam Cornell est un auteur Normand né en 1971.
Féru précocement de science et de littérature fantastique, il se consacra initialement à la première de ses passions jusqu’à l’obtention de son doctorat. Ses publications se limitaient alors aux revues spécialisées où il consignait de nouveaux algorithmes, voués aux progrès de l’imagerie numérique.
Ses diverses lectures (notamment Edgar Poe, H.P. Lovecraft, H.G. Wells, René Barjavel, Gaston Leroux et Anne Rice) continuèrent néanmoins de nourrir son appétit pour concevoir ses propres univers.
Ses années passées aux Etats-Unis, se révélèrent propices aux histoires qui germaient dans son esprit. Après quelques projets de nouvelles, il se lança dans l’écriture de son premier roman « La collision des mondes ».
Sa deuxième histoire, « Gold Rush », aborde quant à elle le sujet de Little Big Horn, dans une novella mêlant fantastique, horreur et historique.
7 avis pour Gold Rush
-
Note 4 sur 5
tom.larret –
En préambule, l’auteur suggère au lecteur la bande originale adéquate pour cette lecture. Si j’imagine sans peine que les rythmes d’Enio Morricone s’accordent à merveille avec l’ambiance qu’il pose, j’ai quant à moi opté pour une compil’ Aya Nakamura chante Bruel, par pur esprit de contradiction sens de la fête.
C’est donc prête à me casser la voix (mais en catchana) que j’ai embarqué pour un éprouvant voyage dans les Black Hills de la fin du XIXe siècle.
Le prélude nous précipite dans le récit avec l’efficacité et l’âpreté d’un coup de poing. Le narrateur, s’il est un témoin direct des événements, est d’ores et déjà installé dans les inconfortables cothurnes d’une Cassandre du Far West, spectateur impuissant comme orateur négligé. Alors, il regarde (et pas qu’un peu), mais allô allô, allô ? Il s’interroge au fil des pages, tâchant de recomposer les engrenages de l’explosion d’épouvante bestiale déjà latente ; et l’auteur parvient par là à poser le contexte économique et géopolitique de la novella, tout en évitant de pesants verbiages ou de filandreuses descriptions. Parce que faut pas écouter les bails noirs, mais faut que j’te l’dises quand même.
Le décor lui-même mettra en garde les protagonistes, empêtrés dès leur départ dans une nature hostile déterminée à les engloutir corps et âmes : « Un étrange bruit de succion accompagnait chacun de nos pas sur ce limon infect qui ralentissait notre marche. » Leurs propres natures humaines, altérées de richesses, de racisme, de vengeance, les pousseront dans des affrontements dont l’horreur ne doit rien au surnaturel : « Dans son élan meurtrier [le boulet] emportait un bras ou arrachait une jambe, et laissait dans son sillage des corps démembrés, hurlant d’agonie avant d’expirer dans la boue. » À se demander qui a le droit, qui a le droit d’faire ça, dans le game ?
Mais au-delà de la cupidité et la haine des plus banales, au-delà des embûches d’un environnement sauvage, une tension désincarnée imprègne le récit d’un narrateur à l’acuité exacerbée. Certes, il a le juice, mais comment ne pas perdre la tête, quand la menace se déguise d’abord sous des personnages croqués avec précision : « L’iris et la pupille de ses yeux se fondaient en un disque laiteux, non moins énigmatique que dérangeant » ? Puis elle s’intensifie en abjection comme en violence, à un rythme enlevé. N’en doutez pas, le point de rupture a été dépassé bien avant l’introduction; la frêle illusion d’équilibre qui vacillait dans les premières pages vole en éclats sur un crescendo d’épouvante, et on tchouffe, ça va pas mais pas, mais pas du tout.
N’attendez pas de résolution ni de soulagement dans cette novella. Une fin abrupte dissout l’espérance et la foi en l’humanité « dans les brumes insondables des Black Hills ». Dans un cadre historique à l’atrocité avérée, affûtée par une irrationalité maléfique sans nom, ce Gold Rush réussit un beau doublé dans le monstrueux, servi par une plume fluide et un tempo haletant. Mais même si on est matrixés, on s’en fout, y’aura toujours des fous.
-
Note 5 sur 5
scriiipt.contact –
Et puisqu’il fallait plonger, j’ai plongé dans Gold Rush… En préambule l’auteur conseille de mettre en fond sonore The Ecstasy of Gold, d’Ennio Morricone (BO du film The good, the Bad and the Ugly)… Je n’ai pas pu le faire durant ma lecture, mais je le fais ici pendant la rédaction de cette chronique.
Le récit à la première personne commence fort, et on est très vite dans le bain et intrigué quant aux évènements que nous livre le narrateur. Quelque chose s’est visiblement mal passé pour ce soldat, métis indien, qui accompagnait les troupes du Général Crook.
La première partie de cette novella mène le lecteur a redécouvrir l’histoire tragique de cette Ruée vers l’or de 1876 dans les Black Hills. On y sera horrifié, surpris, révolté. le récit m’a assez vite rappelé le film Little Big Man (d’Arthur Penn), une façon de raconter l’histoire, oscillant entre les souvenirs récents et d’autres plus anciens, plaçant le contexte. Contexte historique, glaçant et horrible…
Mais de l’horreur bien réelle des Guerres Sioux, petit à petit on arrive à d’autres choses bien plus horribles encore, et cette fois ce n’est pas pour rien que l’on vous annonce quelque chose de lovecraftien. Inutile de vous en dire plus, à vous lecteur d’aller le découvrir.
Pour revenir à mon avis personnel, autant sur le fond que sur la forme, j’ai passé un très bon moment à lire Gold Rush !
C’est bien écrit, et le rythme qu’impose l’auteur, Sam Cornell, dans le récit est d’une efficacité redoutable. le plus incroyable, c’est que tout à la lecture de ce conte émaillé de suspense, on apprend des choses sur cette période de l’Histoire américaine, et c’est ni pompeux ni ennuyeux. Et il n’en reste pas moins qu’il y a à la fois de l’action et du frisson.
Si j’avais juste quelques petits trucs à reprocher, ce serait que le narrateur s’exprime trop bien (mais c’est vrai qu’il y a une explication et une bonne raison à cela), et que Gold Rush se dévore trop vite…
Avec Gold Rush, Sam Cornell vient ajouter une sacrée belle perle dans la collection des histoires d’inspirations lovecraftienne. Une fois qu’on a lu, il est difficile de l’oublier, j’ai bien l’impression qu’on tient là un futur grand classique.
-
Note 4 sur 5
celine.guillet67 –
Gold Rush est un court roman de Sam Cornell publié chez Livr’s Éditions début juin. Le roman est dans la même thématique que la double anthologie de l’éditeur de cette année, à savoir western et horreur. En effet, l’auteur l’avait à l’origine écrit pour cette anthologie, mais le texte était trop long et a ainsi fait l’objet d’une édition au format novella. L’auteur retrouve ses deux genres de prédilection, l’historique et le fantastique
Gold Rush nous embarque pour un sombre voyage dans les Black Hills de la fin du XIXe siècle, plus exactement en 1876. Le récit est fait à rebours à la première personne par un homme soldat et métis indien, qui accompagnait les troupes du Général Crook. Quelque chose s’est visiblement mal passé et il va nous en faire le récit, procédé très semblable au récit lovecraftien et qui permet d’ajouter une nuance fantastique à l’histoire, dans la mesure où seule la parole du narrateur décrit les faits qui se sont produits. Celui-ci nous plonge ainsi assez rapidement dans son histoire en pleine ruée vers l’or, dans un territoire hostile et en proie à la guerre qui dure depuis trop longtemps.
L’auteur s’appuie sur un contexte historique pour raconter son histoire et les horreurs prennent dans un premier temps un visage humain au travers des atrocités commises pendant le conflit opposant les troupes militaires aux indiens. Le contexte historique apparaît glaçant et horrible, et ainsi tout à fait propice à un récit qui peut facilement déraper vers l’horreur. L’aspect tragique et horrible des Guerres Sioux est bien présent, d’autant plus que le narrateur est issu d’un mélange des deux cultures. Ses origines lui valent de servir d’interprète au milieu du conflit et ainsi d’assister aux pourparlers entre les dirigeants, avec en exergue la question épineuse de l’or présent sur les terres.
L’horreur va peu à peu basculer et changer d’apparence. D’une horreur liée au conflit, au racisme, à la cupidité et à la vengeance, le surnaturel va s’inviter dans l’histoire et y laisser sa marque. Le décor offert par les sinistres collines des Black Hills est propice à susciter l’effroi et à laisser galoper l’imagination. L’auteur en tire très bien parti, empêtrant ses protagonistes au milieu d’une nature hostile où n’importe quoi peut se cacher. La tension augmente ainsi crescendo et devient presque palpable.
Sam Cornell a une écriture fluide et produit un récit efficace. Il a de solides connaissances historiques qu’il met au profit de son récit même s’il a tendance à trop en faire par moments, surtout au début du récit. Le démarrage est un peu long, mais une fois lancé, le texte devient plus intense et on est pris par cette sombre histoire.
Gold Rush est ainsi une histoire ancrée dans l’histoire américaine et qui tire brillamment partie du décor offert par les Black Hills pour produire un récit où horreur et histoire se côtoient. Une belle réussite dans la veine des textes lovecraftiens, autant pour le contenu que pour la narration.
-
Note 4 sur 5
Aurore Francotte –
Gold Rush nous plonge en pleine guerre de territoire, en 1876. À la suite à la crise économique, de nombreux Américains brisent le traité de Fort Laramie et les Amérindiens ripostent face à l’envahisseur qui souille leurs terres sacrées pour une poignée de pépites. Le récit débute par l’interrogatoire de notre narrateur, un métis, qui suivait les troupes américaines en tant que traducteur. Personne ne croira ce dont il a été témoin. Après un commencement lent qui dépeint le contexte (bienvenue pour les incultes du Far West comme moi), l’histoire nous happe tels les marécages dans lesquels les chevaux s’embourbent. Bon, la métaphore liée au décor de la novella n’est pas top, mais vous voyez le sentiment : c’est prenant au point de ne pas savoir sortir la tête de l’intrigue.
La troupe rencontre un village de Lakotas sur son chemin. Affamés, éreintés par le temps peu clément des collines, le capitaine Mills et le traducteur le rejoignent afin de demander sans possibilité de refus, des vivres pour les hommes. On ressent la tension des échanges avec le chef sioux qui leur met sous le nez les injustices des dirigeants blancs.
Sam Cornell n’élabore pas un simple récit d’horreur sur fond historique. Il se sert de la trame pour porter des messages forts et dénonce les actes terribles perpétrés par les Américains pour une question de territoire. Comme si ce continent n’était pas assez vaste pour accueillir tout le monde.
Le racisme a sa part belle, comme la déshumanisation des Amérindiens par les Blancs. Rappelons que les Américains parquaient comme des bœufs des êtres humains dans des réserves naturelles. Non seulement ils leur enlevaient des droits, mais également la liberté et la dignité. On y retrouve aussi les exactions des hommes, dits civilisés, qui violaient les femmes. Des horreurs qui me répugnent bien plus que les monstres ancestraux que l’auteur fait surgir.
Des monstres tapis dans l’ombre des Black Hills et qu’on ne devrait jamais réveiller. Un monstre qui s’éloigne des créatures classiques, légendaires pour revêtir les visions de l’angoisse. Bien que je n’aie pas tremblé devant elle, j’ai adoré cette incarnation de la peur, la manière dont elle se déploie et rampe vers les esprits pour les capturer.
Beaucoup le désignent comme lovecraftien. J’ose avouer que je n’ai lu qu’un seul ouvrage de ce romancier, et je ne l’ai pas apprécié, contrairement aux œuvres de Sam Cornell. Donnez-lui sa chance, si vous êtes comme moi.
En bref, Gold Rush expose les horreurs humaines sur fond de ruée vers l’or. Une confrontation entre deux civilisations, l’une qui se bat par avidité, l’autre pour conserver sa liberté. Le tout mené dans un récit court, prenant et convaincant qui ne laisse personne indemne.
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Note 5 sur 5
stephane.delure –
Sam Cornell aime les contradictions. La preuve, il est normand et vit en Bretagne, ce qui pousse d’ailleurs le sens de la contradiction au rang de bravoure. Et de la bravoure, il y en a dans sa dernière novella, parue comme son roman, La Collision des Mondes, chez Livr’Editions. de la bravoure… et de la peur aussi, cette dernière étant l’inévitable porte à affronter lorsque l’on affronte l’inconnu.
L’auteur nous plonge dans les Black Hills, en 1876, soit onze ans après la fin de la Guerre de Sécession, en pleine guerre semi-ouverte contre les nations indiennes. Je dis bien « semi-ouverte », car comme Sam Cornell nous le rappelle au travers de notes en bas de page, l’histoire confrontant les américains aux amérindiens est faite de traités brisés, de moins en moins vastes réserves que l’on « offre » et de monceaux de ressources et d’or que l’on convoite, sans oublier ce peuple que l’on cherche à annihiler en l’assimilant dès que possible.
Le format choisi est donc la nouvelle, et c’est ainsi fort naturellement que l’on entre avec brutalité dans le vif du sujet, aux côtés de ce métis, fruit d’un viol, éclaireur dans le corps d’armée du général Crook. Ce dernier est un militaire aveuglé par la soif de sang, cherchant à venger le massacre de Little Big Horn, où les hommes du 7ème de cavalerie, menés par l’arrogant Custer, furent défaits par une coalition de cheyennes et de sioux dirigés par les légendaires Crazy Horse et Sitting Bull. Et l’on comprend très vite que les tuniques bleues ont visiblement encore connu un épouvantable sort dans l’automne rigoureux qui traverse le territoire lakota, et en tournant les pages, nous allons découvrir l’horreur qui se cache dans les sombres collines, au fond de ce ravin bien caché du reste du monde, et probablement pour de saines raisons.
Le style est direct, sec, et le court récit se dévore sans que vienne jamais l’envie de faire une pause tant le besoin de tourner la page est pressant. L’auteur ne s’est jamais caché d’écrire une histoire lovecraftienne, mais n’attendez pas pour autant de voir apparaître les noms de Cthulhu ou du Necronomicon. C’est en cela que la filiation est parfaitement réussie, comme avait su le faire, dans un style certes très différent, Fred Chappell avec son superbe Dagon. Tout est suggéré, monte en degrés, et s’impose quand l’horreur survient, forcément indicible tant elle dépasse l’entendement et prend soin de garder ses secrets, se nourrissant de l’ombre du récit comme de celle des décors choisis. le côté historique a été étudié avec soin, et la véracité du contexte – le massacre de Little Big Horn et le besoin de vengeance qui suivit, culminant en 1890 à Wounded Knee – aident à s’immerger dans le récit, passant de ce qui pourrait passer pour un témoignage véridique au western pur et dur avant de culminer dans l’horreur la plus pure.
En avançant dans la partie western, lorsque les tuniques bleues se rapprochent d’un campement lakota menés par un chaman empli de sagesse et maniant habilement l’ironie, alors que son colosse de fils s’impose comme une force de la nature que l’on a hâte de voir entrer en action, on se prend à regretter de n’être que les brefs passagers d’une nouvelle, passant à côté du développement des personnages et de la tension qui mériteraient, en plus du contexte historique, le format d’un roman. Et puis on entre dans le pur fantastique, alors que l’horreur des combats propres à l’humain a déjà marqué dans le sang la rétine du lecteur, et l’on se dit finalement que ce format court est finalement bien pensé, car il permet au récit de conserver sa part de mystère là où le roman aurait fort logiquement apporté son flot de détails nuisant finalement à l’intrigue et à l’imaginaire. C’est ainsi qu’il appartient au lecteur de combler les creux et de nourrir l’histoire.
Une bien belle réussite en fin de compte, et puis pour les lovecraftiens qui voudraient une vengeance d’indien étalée sur un voire plusieurs romans, revenez ou découvrez les aventures de Misquamacus, le terrifiant Manitou de Graham Masterton !
Vous pouvez retrouver cet article sur mon blog, consacré pour partie à la musique metal et pour l’autre versant à mes lectures lovecraftiennes (je vais augmenter ce côteau ombragé, y ajoutant au fil de l’eau ma vaste Lovecraftothèque personnelle). https://beyondthewallofsleep.over-blog.com/
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Note 5 sur 5
monsieurbd36 –
Retour sur « Gold Rush », de Sam Cornell
Si vous ne connaissez des « Collines Noires » que l’excellent album de Lucky Luke, si vous croyez que Howard Philips Lovecraft est un rapeur nouillorquais, vous pouvez passer votre chemin. En revanche, si vous vous intéressez à la Conquête de l’Ouest et que, de surcroît, vous êtes amateur de fantastique pur et dur, si vous vous régalez à la lecture des « Manitou » de Graham Masterton et que chaque visionnage de « Little Big Man » vous ravit, alors « Gold Rush » est fait pour vous !
Sam Cornell nous propose une longue nouvelle consacrée à la conquête des collines aurifères du Dakota, et au massacre des tribus indiennes qui y résidaient avant l’arrivée des Blancs. Avec une grande rigueur historique, il nous propose de partager la destinée d’un éclaireur métis accompagnant une colonne de l’armée américaine menée par un officier aussi motivé par la fièvre de l’or que par le désir de venger la défaite de Custer à Little Big Horn.
Nous sommes donc propulsés dans une ambiance de western, et pendant la première partie du récit le lecteur partage les souffrances de cette troupe de soldats confrontés à la rigueur de l’hiver dans un pays sauvage. Mais lorsque les Indiens Lakotas entrent en scène, le ton change : une atmosphère d’étrangeté se met en place, et les vieilles malédictions ancestrales surgissent du passé…
Je n’en divulguerai pas davantage sur la suite, mais sachez que cette nouvelle peut pousser à certaines réflexions sur la fondation des États-Unis, sur le génocide des peuples autochtones, et sur la confrontation de civilisations trop différentes sur un même sol. Ces sujets sont abordés de façon subtile, sans manichéisme (après tout, les Sioux ont eux-mêmes chassé les tribus antérieures pour s’emparer de leurs terres), mais aussi sans complaisance envers les colons européens qui ont multiplié les atrocités.
J’ai refermé ce petit livre avec le sentiment d’avoir passé un excellent moment. D’abord parce que l’écriture de Sam Cornell est nette, précise, avec un vocabulaire riche sans se montrer prétentieux. Ensuite parce que j’apprécie, à l’heure où le lectorat et les éditeurs ne jurent que par les oreilles pointues et les casques à cornes d’une héroïque fantaisie aussi mal écrite que plagiaire, de retrouver le charme du vrai fantastique, du réel frisson causé par l’ « horreur cosmique » chère à Lovecraft. Enfin, je salue le remarquable travail de recherche historique fourni par l’auteur, qui lui permet de poser l’action de son livre dans une ambiance réaliste, authentique, loin des clichés du western de cinéma. C’est justement ce réalisme qui rend plus forte et crédible l’intrusion du surnaturel dans le récit, créant ainsi ce malaise recherché par l’amateur.
En conclusion, il faut se ruer sur ce « Gold Rush » ! -
Note 5 sur 5
audeauffret76 –
GOLD RUSH
de Sam Cornell
80 pages.
Novella / mai 2023
Livr’s ÉditionUne découverte pour moi de cet auteur avec cette novella sombre et abrupte.
Un décor planté dans les Black Hills, le long de la rivière Bighorn en 1876 lors d’une des batailles les plus notoires des Etats Unis.
Situé à la frontière entre la fiction et la réalité, ce récit a la particularité de s’appuyer sur un cadre historique sur lequel s’est indéniablement documenté l’auteur.
Une période agitée, extrêmement violente, où la haine et la vengeance règnent.
Des destins taillés à coup de hache et de baîllonnette.
Le fiel innonde les hommes qui vont accumuler les initiatives désastreuses et déclancher un véritable bain de sang.
Un style narratif entièrement maitrisé.
Beaucoup de profondeur dans le récit.
Un roman mémorable qui pulvérise la frontière entre le bien et le mal.
Un univers fouillé au millimètre prés, qui nous immerge dans une expérience unique.Une novella intense, un énorme coup de coeur en ce qui me concerne.
Un auteur que je vais continuer de suivre de très près.MERCI.
BRAVO.
Aude Horrorbooks.
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Chroniques
"Ce récit est tout simplement palpitant et nous fait redécouvrir des faits historiques concernant les massacres des Amérindiens perpétués par les Américains en y mêlant tout un aspect fantastique inspiré par l'univers de Lovecraft, et ce avec beaucoup de justesse.
Le personnage principal nous raconte son histoire car il se sait condamné, ce qui donne une dynamique particulièrement prenante dès les premières lignes.
Il s'agit d'une nouvelle qui nous immerge totalement avec les protagonistes dans les légendes indiennes jusqu'à nous perdre à leurs côtés, pour le meilleur mais aussi et surtout le pire.
La plume de l'auteur est travaillée et riche tout en restant agréable et fluide, ce qui contribue indéniablement à la qualité de ce texte, au-delà même de l'histoire.
Ma note :
⭐⭐⭐⭐⭐
5/5 : un excellent récit d'aventure horrifique au cœur de l'histoire de l'Amérique, que je recommande vivement ! Courte et intense, cette nouvelle se dévore en un rien de temps !"
Les histoires éternelles sur Instagram, juin 2023
audeauffret76 –
GOLD RUSH
de Sam Cornell
80 pages.
Novella / mai 2023
Livr’s Édition
Une découverte pour moi de cet auteur avec cette novella sombre et abrupte.
Un décor planté dans les Black Hills, le long de la rivière Bighorn en 1876 lors d’une des batailles les plus notoires des Etats Unis.
Situé à la frontière entre la fiction et la réalité, ce récit a la particularité de s’appuyer sur un cadre historique sur lequel s’est indéniablement documenté l’auteur.
Une période agitée, extrêmement violente, où la haine et la vengeance règnent.
Des destins taillés à coup de hache et de baîllonnette.
Le fiel innonde les hommes qui vont accumuler les initiatives désastreuses et déclancher un véritable bain de sang.
Un style narratif entièrement maitrisé.
Beaucoup de profondeur dans le récit.
Un roman mémorable qui pulvérise la frontière entre le bien et le mal.
Un univers fouillé au millimètre prés, qui nous immerge dans une expérience unique.
Une novella intense, un énorme coup de coeur en ce qui me concerne.
Un auteur que je vais continuer de suivre de très près.
MERCI.
BRAVO.
Aude Horrorbooks.
monsieurbd36 –
Retour sur « Gold Rush », de Sam Cornell
Si vous ne connaissez des « Collines Noires » que l’excellent album de Lucky Luke, si vous croyez que Howard Philips Lovecraft est un rapeur nouillorquais, vous pouvez passer votre chemin. En revanche, si vous vous intéressez à la Conquête de l’Ouest et que, de surcroît, vous êtes amateur de fantastique pur et dur, si vous vous régalez à la lecture des « Manitou » de Graham Masterton et que chaque visionnage de « Little Big Man » vous ravit, alors « Gold Rush » est fait pour vous !
Sam Cornell nous propose une longue nouvelle consacrée à la conquête des collines aurifères du Dakota, et au massacre des tribus indiennes qui y résidaient avant l’arrivée des Blancs. Avec une grande rigueur historique, il nous propose de partager la destinée d’un éclaireur métis accompagnant une colonne de l’armée américaine menée par un officier aussi motivé par la fièvre de l’or que par le désir de venger la défaite de Custer à Little Big Horn.
Nous sommes donc propulsés dans une ambiance de western, et pendant la première partie du récit le lecteur partage les souffrances de cette troupe de soldats confrontés à la rigueur de l’hiver dans un pays sauvage. Mais lorsque les Indiens Lakotas entrent en scène, le ton change : une atmosphère d’étrangeté se met en place, et les vieilles malédictions ancestrales surgissent du passé…
Je n’en divulguerai pas davantage sur la suite, mais sachez que cette nouvelle peut pousser à certaines réflexions sur la fondation des États-Unis, sur le génocide des peuples autochtones, et sur la confrontation de civilisations trop différentes sur un même sol. Ces sujets sont abordés de façon subtile, sans manichéisme (après tout, les Sioux ont eux-mêmes chassé les tribus antérieures pour s’emparer de leurs terres), mais aussi sans complaisance envers les colons européens qui ont multiplié les atrocités.
J’ai refermé ce petit livre avec le sentiment d’avoir passé un excellent moment. D’abord parce que l’écriture de Sam Cornell est nette, précise, avec un vocabulaire riche sans se montrer prétentieux. Ensuite parce que j’apprécie, à l’heure où le lectorat et les éditeurs ne jurent que par les oreilles pointues et les casques à cornes d’une héroïque fantaisie aussi mal écrite que plagiaire, de retrouver le charme du vrai fantastique, du réel frisson causé par l’ « horreur cosmique » chère à Lovecraft. Enfin, je salue le remarquable travail de recherche historique fourni par l’auteur, qui lui permet de poser l’action de son livre dans une ambiance réaliste, authentique, loin des clichés du western de cinéma. C’est justement ce réalisme qui rend plus forte et crédible l’intrusion du surnaturel dans le récit, créant ainsi ce malaise recherché par l’amateur.
En conclusion, il faut se ruer sur ce « Gold Rush » !
stephane.delure –
Sam Cornell aime les contradictions. La preuve, il est normand et vit en Bretagne, ce qui pousse d’ailleurs le sens de la contradiction au rang de bravoure. Et de la bravoure, il y en a dans sa dernière novella, parue comme son roman, La Collision des Mondes, chez Livr’Editions. de la bravoure… et de la peur aussi, cette dernière étant l’inévitable porte à affronter lorsque l’on affronte l’inconnu.
L’auteur nous plonge dans les Black Hills, en 1876, soit onze ans après la fin de la Guerre de Sécession, en pleine guerre semi-ouverte contre les nations indiennes. Je dis bien « semi-ouverte », car comme Sam Cornell nous le rappelle au travers de notes en bas de page, l’histoire confrontant les américains aux amérindiens est faite de traités brisés, de moins en moins vastes réserves que l’on « offre » et de monceaux de ressources et d’or que l’on convoite, sans oublier ce peuple que l’on cherche à annihiler en l’assimilant dès que possible.
Le format choisi est donc la nouvelle, et c’est ainsi fort naturellement que l’on entre avec brutalité dans le vif du sujet, aux côtés de ce métis, fruit d’un viol, éclaireur dans le corps d’armée du général Crook. Ce dernier est un militaire aveuglé par la soif de sang, cherchant à venger le massacre de Little Big Horn, où les hommes du 7ème de cavalerie, menés par l’arrogant Custer, furent défaits par une coalition de cheyennes et de sioux dirigés par les légendaires Crazy Horse et Sitting Bull. Et l’on comprend très vite que les tuniques bleues ont visiblement encore connu un épouvantable sort dans l’automne rigoureux qui traverse le territoire lakota, et en tournant les pages, nous allons découvrir l’horreur qui se cache dans les sombres collines, au fond de ce ravin bien caché du reste du monde, et probablement pour de saines raisons.
Le style est direct, sec, et le court récit se dévore sans que vienne jamais l’envie de faire une pause tant le besoin de tourner la page est pressant. L’auteur ne s’est jamais caché d’écrire une histoire lovecraftienne, mais n’attendez pas pour autant de voir apparaître les noms de Cthulhu ou du Necronomicon. C’est en cela que la filiation est parfaitement réussie, comme avait su le faire, dans un style certes très différent, Fred Chappell avec son superbe Dagon. Tout est suggéré, monte en degrés, et s’impose quand l’horreur survient, forcément indicible tant elle dépasse l’entendement et prend soin de garder ses secrets, se nourrissant de l’ombre du récit comme de celle des décors choisis. le côté historique a été étudié avec soin, et la véracité du contexte – le massacre de Little Big Horn et le besoin de vengeance qui suivit, culminant en 1890 à Wounded Knee – aident à s’immerger dans le récit, passant de ce qui pourrait passer pour un témoignage véridique au western pur et dur avant de culminer dans l’horreur la plus pure.
En avançant dans la partie western, lorsque les tuniques bleues se rapprochent d’un campement lakota menés par un chaman empli de sagesse et maniant habilement l’ironie, alors que son colosse de fils s’impose comme une force de la nature que l’on a hâte de voir entrer en action, on se prend à regretter de n’être que les brefs passagers d’une nouvelle, passant à côté du développement des personnages et de la tension qui mériteraient, en plus du contexte historique, le format d’un roman. Et puis on entre dans le pur fantastique, alors que l’horreur des combats propres à l’humain a déjà marqué dans le sang la rétine du lecteur, et l’on se dit finalement que ce format court est finalement bien pensé, car il permet au récit de conserver sa part de mystère là où le roman aurait fort logiquement apporté son flot de détails nuisant finalement à l’intrigue et à l’imaginaire. C’est ainsi qu’il appartient au lecteur de combler les creux et de nourrir l’histoire.
Une bien belle réussite en fin de compte, et puis pour les lovecraftiens qui voudraient une vengeance d’indien étalée sur un voire plusieurs romans, revenez ou découvrez les aventures de Misquamacus, le terrifiant Manitou de Graham Masterton !
Vous pouvez retrouver cet article sur mon blog, consacré pour partie à la musique metal et pour l’autre versant à mes lectures lovecraftiennes (je vais augmenter ce côteau ombragé, y ajoutant au fil de l’eau ma vaste Lovecraftothèque personnelle). https://beyondthewallofsleep.over-blog.com/
Aurore Francotte –
Gold Rush nous plonge en pleine guerre de territoire, en 1876. À la suite à la crise économique, de nombreux Américains brisent le traité de Fort Laramie et les Amérindiens ripostent face à l’envahisseur qui souille leurs terres sacrées pour une poignée de pépites. Le récit débute par l’interrogatoire de notre narrateur, un métis, qui suivait les troupes américaines en tant que traducteur. Personne ne croira ce dont il a été témoin. Après un commencement lent qui dépeint le contexte (bienvenue pour les incultes du Far West comme moi), l’histoire nous happe tels les marécages dans lesquels les chevaux s’embourbent. Bon, la métaphore liée au décor de la novella n’est pas top, mais vous voyez le sentiment : c’est prenant au point de ne pas savoir sortir la tête de l’intrigue.
La troupe rencontre un village de Lakotas sur son chemin. Affamés, éreintés par le temps peu clément des collines, le capitaine Mills et le traducteur le rejoignent afin de demander sans possibilité de refus, des vivres pour les hommes. On ressent la tension des échanges avec le chef sioux qui leur met sous le nez les injustices des dirigeants blancs.
Sam Cornell n’élabore pas un simple récit d’horreur sur fond historique. Il se sert de la trame pour porter des messages forts et dénonce les actes terribles perpétrés par les Américains pour une question de territoire. Comme si ce continent n’était pas assez vaste pour accueillir tout le monde.
Le racisme a sa part belle, comme la déshumanisation des Amérindiens par les Blancs. Rappelons que les Américains parquaient comme des bœufs des êtres humains dans des réserves naturelles. Non seulement ils leur enlevaient des droits, mais également la liberté et la dignité. On y retrouve aussi les exactions des hommes, dits civilisés, qui violaient les femmes. Des horreurs qui me répugnent bien plus que les monstres ancestraux que l’auteur fait surgir.
Des monstres tapis dans l’ombre des Black Hills et qu’on ne devrait jamais réveiller. Un monstre qui s’éloigne des créatures classiques, légendaires pour revêtir les visions de l’angoisse. Bien que je n’aie pas tremblé devant elle, j’ai adoré cette incarnation de la peur, la manière dont elle se déploie et rampe vers les esprits pour les capturer.
Beaucoup le désignent comme lovecraftien. J’ose avouer que je n’ai lu qu’un seul ouvrage de ce romancier, et je ne l’ai pas apprécié, contrairement aux œuvres de Sam Cornell. Donnez-lui sa chance, si vous êtes comme moi.
En bref, Gold Rush expose les horreurs humaines sur fond de ruée vers l’or. Une confrontation entre deux civilisations, l’une qui se bat par avidité, l’autre pour conserver sa liberté. Le tout mené dans un récit court, prenant et convaincant qui ne laisse personne indemne.
celine.guillet67 –
Gold Rush est un court roman de Sam Cornell publié chez Livr’s Éditions début juin. Le roman est dans la même thématique que la double anthologie de l’éditeur de cette année, à savoir western et horreur. En effet, l’auteur l’avait à l’origine écrit pour cette anthologie, mais le texte était trop long et a ainsi fait l’objet d’une édition au format novella. L’auteur retrouve ses deux genres de prédilection, l’historique et le fantastique
Gold Rush nous embarque pour un sombre voyage dans les Black Hills de la fin du XIXe siècle, plus exactement en 1876. Le récit est fait à rebours à la première personne par un homme soldat et métis indien, qui accompagnait les troupes du Général Crook. Quelque chose s’est visiblement mal passé et il va nous en faire le récit, procédé très semblable au récit lovecraftien et qui permet d’ajouter une nuance fantastique à l’histoire, dans la mesure où seule la parole du narrateur décrit les faits qui se sont produits. Celui-ci nous plonge ainsi assez rapidement dans son histoire en pleine ruée vers l’or, dans un territoire hostile et en proie à la guerre qui dure depuis trop longtemps.
L’auteur s’appuie sur un contexte historique pour raconter son histoire et les horreurs prennent dans un premier temps un visage humain au travers des atrocités commises pendant le conflit opposant les troupes militaires aux indiens. Le contexte historique apparaît glaçant et horrible, et ainsi tout à fait propice à un récit qui peut facilement déraper vers l’horreur. L’aspect tragique et horrible des Guerres Sioux est bien présent, d’autant plus que le narrateur est issu d’un mélange des deux cultures. Ses origines lui valent de servir d’interprète au milieu du conflit et ainsi d’assister aux pourparlers entre les dirigeants, avec en exergue la question épineuse de l’or présent sur les terres.
L’horreur va peu à peu basculer et changer d’apparence. D’une horreur liée au conflit, au racisme, à la cupidité et à la vengeance, le surnaturel va s’inviter dans l’histoire et y laisser sa marque. Le décor offert par les sinistres collines des Black Hills est propice à susciter l’effroi et à laisser galoper l’imagination. L’auteur en tire très bien parti, empêtrant ses protagonistes au milieu d’une nature hostile où n’importe quoi peut se cacher. La tension augmente ainsi crescendo et devient presque palpable.
Sam Cornell a une écriture fluide et produit un récit efficace. Il a de solides connaissances historiques qu’il met au profit de son récit même s’il a tendance à trop en faire par moments, surtout au début du récit. Le démarrage est un peu long, mais une fois lancé, le texte devient plus intense et on est pris par cette sombre histoire.
Gold Rush est ainsi une histoire ancrée dans l’histoire américaine et qui tire brillamment partie du décor offert par les Black Hills pour produire un récit où horreur et histoire se côtoient. Une belle réussite dans la veine des textes lovecraftiens, autant pour le contenu que pour la narration.
scriiipt.contact –
Et puisqu’il fallait plonger, j’ai plongé dans Gold Rush… En préambule l’auteur conseille de mettre en fond sonore The Ecstasy of Gold, d’Ennio Morricone (BO du film The good, the Bad and the Ugly)… Je n’ai pas pu le faire durant ma lecture, mais je le fais ici pendant la rédaction de cette chronique.
Le récit à la première personne commence fort, et on est très vite dans le bain et intrigué quant aux évènements que nous livre le narrateur. Quelque chose s’est visiblement mal passé pour ce soldat, métis indien, qui accompagnait les troupes du Général Crook.
La première partie de cette novella mène le lecteur a redécouvrir l’histoire tragique de cette Ruée vers l’or de 1876 dans les Black Hills. On y sera horrifié, surpris, révolté. le récit m’a assez vite rappelé le film Little Big Man (d’Arthur Penn), une façon de raconter l’histoire, oscillant entre les souvenirs récents et d’autres plus anciens, plaçant le contexte. Contexte historique, glaçant et horrible…
Mais de l’horreur bien réelle des Guerres Sioux, petit à petit on arrive à d’autres choses bien plus horribles encore, et cette fois ce n’est pas pour rien que l’on vous annonce quelque chose de lovecraftien. Inutile de vous en dire plus, à vous lecteur d’aller le découvrir.
Pour revenir à mon avis personnel, autant sur le fond que sur la forme, j’ai passé un très bon moment à lire Gold Rush !
C’est bien écrit, et le rythme qu’impose l’auteur, Sam Cornell, dans le récit est d’une efficacité redoutable. le plus incroyable, c’est que tout à la lecture de ce conte émaillé de suspense, on apprend des choses sur cette période de l’Histoire américaine, et c’est ni pompeux ni ennuyeux. Et il n’en reste pas moins qu’il y a à la fois de l’action et du frisson.
Si j’avais juste quelques petits trucs à reprocher, ce serait que le narrateur s’exprime trop bien (mais c’est vrai qu’il y a une explication et une bonne raison à cela), et que Gold Rush se dévore trop vite…
Avec Gold Rush, Sam Cornell vient ajouter une sacrée belle perle dans la collection des histoires d’inspirations lovecraftienne. Une fois qu’on a lu, il est difficile de l’oublier, j’ai bien l’impression qu’on tient là un futur grand classique.
tom.larret –
En préambule, l’auteur suggère au lecteur la bande originale adéquate pour cette lecture. Si j’imagine sans peine que les rythmes d’Enio Morricone s’accordent à merveille avec l’ambiance qu’il pose, j’ai quant à moi opté pour une compil’ Aya Nakamura chante Bruel, par pur esprit de contradiction sens de la fête.
C’est donc prête à me casser la voix (mais en catchana) que j’ai embarqué pour un éprouvant voyage dans les Black Hills de la fin du XIXe siècle.
Le prélude nous précipite dans le récit avec l’efficacité et l’âpreté d’un coup de poing. Le narrateur, s’il est un témoin direct des événements, est d’ores et déjà installé dans les inconfortables cothurnes d’une Cassandre du Far West, spectateur impuissant comme orateur négligé. Alors, il regarde (et pas qu’un peu), mais allô allô, allô ? Il s’interroge au fil des pages, tâchant de recomposer les engrenages de l’explosion d’épouvante bestiale déjà latente ; et l’auteur parvient par là à poser le contexte économique et géopolitique de la novella, tout en évitant de pesants verbiages ou de filandreuses descriptions. Parce que faut pas écouter les bails noirs, mais faut que j’te l’dises quand même.
Le décor lui-même mettra en garde les protagonistes, empêtrés dès leur départ dans une nature hostile déterminée à les engloutir corps et âmes : « Un étrange bruit de succion accompagnait chacun de nos pas sur ce limon infect qui ralentissait notre marche. » Leurs propres natures humaines, altérées de richesses, de racisme, de vengeance, les pousseront dans des affrontements dont l’horreur ne doit rien au surnaturel : « Dans son élan meurtrier [le boulet] emportait un bras ou arrachait une jambe, et laissait dans son sillage des corps démembrés, hurlant d’agonie avant d’expirer dans la boue. » À se demander qui a le droit, qui a le droit d’faire ça, dans le game ?
Mais au-delà de la cupidité et la haine des plus banales, au-delà des embûches d’un environnement sauvage, une tension désincarnée imprègne le récit d’un narrateur à l’acuité exacerbée. Certes, il a le juice, mais comment ne pas perdre la tête, quand la menace se déguise d’abord sous des personnages croqués avec précision : « L’iris et la pupille de ses yeux se fondaient en un disque laiteux, non moins énigmatique que dérangeant » ? Puis elle s’intensifie en abjection comme en violence, à un rythme enlevé. N’en doutez pas, le point de rupture a été dépassé bien avant l’introduction; la frêle illusion d’équilibre qui vacillait dans les premières pages vole en éclats sur un crescendo d’épouvante, et on tchouffe, ça va pas mais pas, mais pas du tout.
N’attendez pas de résolution ni de soulagement dans cette novella. Une fin abrupte dissout l’espérance et la foi en l’humanité « dans les brumes insondables des Black Hills ». Dans un cadre historique à l’atrocité avérée, affûtée par une irrationalité maléfique sans nom, ce Gold Rush réussit un beau doublé dans le monstrueux, servi par une plume fluide et un tempo haletant. Mais même si on est matrixés, on s’en fout, y’aura toujours des fous.